La réforme du secteur des initiatives locales d’intégration (ILI) nous préoccupe !

Des opérateurs de terrain agréés et/ou subventionnés par la Région Wallonne en tant qu’Initiative Locale d’Intégration, réunis au sein de la plateforme «Initiateurs de Projets d’Intégration (IPI) coordonnée par le Ce.R.A.I.C. , fêtent les 10 ans de celle-ci, le jeudi 16 mai au Château d’Enghien.

En effet, 10 ans qu’ils œuvrent passionnément dans des formations à la citoyenneté, des modules de Français Langue Etrangère, de l’Accompagnement Sociojuridique afin d’accompagner les personnes étrangères ou d’origine étrangère et faciliter leur intégration en région wallonne.

Pour autant, les opérateurs de la plateforme restent préoccupés par les enjeux immédiats et par la tournure des certaines dispositions du projet de réforme du secteur des initiatives locales d’intégration (ILI). Le nouveau décret relatif à la politique d’intégration relève les défis de professionnalisation et d’amélioration du dispositif sur un plan pratique, tout en restant dans les limites budgétaires. Bien qu’il vient d’être publié, le secteur est en attente de l’arrêté qui est en cours de lecture et espère l’avoir sous peu. Vous pouvez d’ores et déjà le consulter via ce lien.

Les opérateurs saluent plusieurs avancées dans l’actuelle réforme, ils se disent néanmoins préoccupés par la manière d’interpréter le décret dans l’arrêté d’application.

Les préoccupations sont les suivantes:

Quid de l’enveloppe budgétaire?

«Une trésorerie tendue, due notamment à une notification tardive par la Région du montant de leur subvention (y compris quand elle est structurelle) et une liquidation tardive de celle-ci.1

Quid de l’axe Duo vers l’inclusion qui n’est pas repris dans le texte du décret?

«Par rapport à la réforme en cours, des convergences et une harmonisation des activités agréées se dessinent. Hors, l’axe « interculturalité » / échanges interculturel ne serait plus vraiment cité en tant que tel dans le chapitre ILI des textes, et le secteur craint donc que cet axe ne soit relégué. Il est pourtant indispensable à toute politique d’intégration véritable, qui se doit de travailler aussi avec la société d’accueil. D’autre part, les autres axes (FLE, citoyenneté, accompagnement sociojuridique) se trouveraient régulés sur des bases extrêmement contraignantes qui conduiraient à la disparition d’opérateurs dont l’action est cependant reconnue de longue date.»1

Quid de la diversité du secteur?

«Les acteurs de l’insertion insistent sur la diversité du secteur, sur les configurations différentes selon les bassins et sur la nécessaire attention à donner à l’autonomie associative et aux particularités propres au public migrant. Le secteur souhaiterait donc attirer l’attention de la tutelle sur la nécessité d’objectiver les besoins en termes de services rendus et d’activités, bassin par bassin, ou territoire par territoire.»1

Quid de la mise en application du décret?

Comment peut-elle se faire en concertation harmonieuse, sachant que «par rapport à la refonte du dispositif, la concertation avait été estimée insuffisante, celle-ci étant souvent considérée comme très pointilleuse et peu souple dans la gestion des particularités du secteur. De la même façon, la mise en application hâtive de nouvelles procédures administratives et outils de suivi (canevas de décompte récapitulatif, circulaire de recensement des heures et des apprenants) avait été mal ressentie, semblant se construire indépendamment du cadre en cours de révision.»1

Quid des autres demandes ?

«D’autres demandes, davantage relatives à la mise en œuvre opérationnelle de la politique d’intégration, sont remontées du terrain associatif: prise en compte, comme norme de subventionnement du personnel, des heures liées aux tâches administratives, à la préparation et la correction des cours ou aux entretiens préalables et tests de positionnement, assimilation des heures liées à la sensibilisation au numérique /TIC…»1

Viennent s’ajouter à ces revendications, d’autres plus générales émises par des acteurs sectoriels wallons pour l’intégration des personnes étrangères et cela en vue des élections régionales, communautaires et fédérales de 2024.
Retrouvez-les dans le Mémorandum pour l’intégration des personnes étrangères.


  1. Recommandations tirées de la question posée par MENGONI Sophie à MORREALE Christie, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale et de l’Economie sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des femmes. ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎